Il a trois passages marquant dans ma vie. Je pourrais bien évidemment tout vous raconter mais je pense qu'à force de m'entendre parler et me perdre dans mes récits, vous finiriez par bien vite vous ennuyer, donc à quoi bon ?  

Commençons par le jour où j'ai découvert mes pouvoirs. Je dois d'abord vous avouer qu'avant d'avoir un corps aussi bien sculpté, je suis passé par divers aspects physiques. Pour commencer, quand j'étais vraiment tout petit, j'étais pour ainsi dire obèse. J'étais sujet de moqueries mais c'était quelque chose de génétique, mes parents ont toujours été en surpoids et de ce fait, ils m'ont nourri un peu n'importe comment. C'est pour ça qu'au départ, je ne m'étais pas vraiment rendu compte de ma lenteur et du fait que je sois vraiment très lourd. Je pensais que c'était juste à cause de ma malnutrition. Mais on imagine très mal qu'un garçon obèse soit vraiment fort, à moins d'avoir suivi un entraînement particulier en arts martiaux ou autre. Mais ce n'était pas mon cas, j'étais le petit garçon flemmard par excellence. Sauf qu'un jour, j'en ai eu marre. Marre qu'on me prenne pour un abruti fini tout simplement parce que mon visage de bouboule les faisait marrer. Alors, je me suis approché d'un des garçons et je me suis dit qu'une bonne baffe suffirait à lui faire part de mon mécontentement. Sauf que ma petite baffe le fit voler jusqu'à une cinquantaine de mètres plus loin et lui coûta une mâchoire complètement déboîtée. Je n'avais pourtant pas donné une baffe très puissante, j'étais même persuadé qu'il trouverait ça ridicule. J'ai donc voulu m'enfuir, pris de panique, mais c'était peine perdue. Ma graisse et le poids de ma peau et ma chair m'empêchaient d'échapper à la situation. J'avais environ six ans à cette époque. C'est à partir de ce moment là que mes parents ont soupçonné que j'étais différent et m'ont expliqué l'existence de certains êtres appelés Vëohts.  


Vient ensuite le deuxième événement important de ma vie. Vous savez, ce fameux test que l'on passe à dix ans. A vrai dire, je n'ai pas des masses de souvenirs du test en lui-même. Je me souviens vaguement de mon arrivée dans le centre pour passer ce test, de la salle toute blanche qui m'avait bien fait mal aux yeux puis après plus rien. Il faut dire que c'était il y a seize ans déjà, ma mémoire commence à flancher, il ne faut pas m'en vouloir. Ce dont je me rappelle, c'est ce qui s'est passé après. Je n'ai jamais trop compris la réaction de mes parents en fait. A la fin des tests, on m'a annoncé quelque chose que l'on soupçonnait déjà depuis quatre ans et qu'on s'efforçait de cacher. J'étais effectivement un Vëoht et mes parents avaient décidé de ne pas l'accepter à partir du moment où c'est devenu officiel. Ils m'avaient pourtant caché pendant quatre ans ils auraient pu continuer de me protéger même si maintenant, j'étais présent sur la liste de Kwang Yeon. Etait-ce une véritable raison de me lâcher ? Ils avaient pourtant fait des efforts pour que je ne sois plus obèse, pour que je ne sois plus sujet à des moqueries et pour qu'on me laisse tranquille afin d'éviter de m'énerver. J'ai donc été laissé aux mains de personnes qui m'étaient inconnues et qui me firent savoir que mon don était une bénédiction et que j'allais pouvoir faire partie des rares personnes capables d'entrer dans les arènes. Ils m'annoncèrent ça comme si c'était quelque chose d'incroyable, comme si c'était le rêve de tous les garçons. Alors je les ai cru. Ils m'expliquèrent alors en quoi consistait réellement mon pouvoir. J'avais apparemment une force dite surhumaine. J'étais capable de casser, démolir, broyer tout un tas de choses sans fournir trop d'efforts. Le fait est que ma peau et ma chair sont assez semblables à une roche dans le sens où l'aspect n'est pas très agréable - assez rêche et dur - mais aussi de par son poids. C'est pour ça que j'étais devenu très maigre, mes parents ne comprenaient pas pourquoi malgré ma perte de volume, je ne passais pas en dessous de la barre des cent kilos. Ils m'ont aussi dit que j'allais devoir suivre un entraînement intensif afin de mieux gérer ma vitesse.


J'ai donc suivi cette formation durant de nombreuses années, ça n'a pas été une chose aisée d'une part parce que gagner de la vitesse était un supplice, j'étais essoufflé au moindre mouvement et je manquais cruellement de volonté. Mais aussi, je ne suis pas du genre à me laisser marcher sur les pieds, je n'ai jamais aimé être sous les ordres de quelqu'un alors même si je ne me rebellais pas vraiment de peur d'être tué ou quoi, je ne faisais les choses qu'à moitié, je me forçais à faire des bêtises du genre “Oups, je n'ai pas contrôlé ma force et j'ai cassé le matériel”. Enfin voilà, je m'amusais comme je pouvais pour éviter d'être complètement sous les ordres de ce monsieur Kwang, chose qui m'insupporte. Puis après quelques années, j'ai rencontré cette fille. Une jolie fille un peu plus jeune que moi qui suivait également cette formation. Autant vous dire que pour moi, ça a été le coup de foudre directement mais de son côté , elle a rapidement fait de moi son meilleur ami. Si ce n'est pas le sentiment le plus désagréable que d'être considéré comme un grand frère par la fille avec qui on aimerait bien sortir... Mais j'ai accepté la situation, je n'allais pas prendre le risque de la faire s'éloigner de moi alors qu'elle me portait quand même un énorme intérêt. Elle se confiait à moi d'une part, mais surtout, elle me donnait des conseils pour que je vive mieux la situation de “soumission”. En bref, elle a été mon plus gros soutien et la seule raison pour laquelle je n'ai jamais réellement tenté de me rebeller et quitter la formation.

Donc voilà, aujourd'hui je suis sous les ordre de ce dictateur - oui c'en est un même si tout le monde dit le contraire - et je me dois d'amuser le peuple en combattant en arène. Je sais qu'un jour j'y laisserai ma vie même si je suis entraîné pour survivre, je crois qu'un jour je ne saurai plus supporter cette pression et je me laisserai mourir au combat.